Le LTF, ou Lyon Turin Ferroviaire, est la première liaison ferroviaire à grande vitesse d'une série de projets financés par l'UE qui déboucheront ensuite sur la création d'un réseau ferroviaire à grande vitesse complet reliant ensemble les principales villes européennes (de Londres à Milan sur l'axe Nord-Sud, de Lisbonne à Budapest et finalement Kiev, sur l'axe Ouest-Est). La principale portion de la liaison ferroviaire Lyon-Turin, qui se situe au coeur même de ce nouveau réseau, franchira un tunnel de 53,1 km à travers les Alpes qui reliera Saint-Jean-de-Maurienne (France) à Venaus (Italie).
Pénétrer profondément dans les montagnes
Même si les travaux n'ont pas encore débuté sur le tunnel principal, les tunnels d'accès (descenderies) sur le côté français de la frontière avancent bien. Les deux principales descenderies de La Praz et de Modane, ainsi qu'une troisième plus courte située à St-Martin-La-Porte, ont été construites sur la base d'une structure spirale permettant de réduire au minimum l'inclinaison de la pente. Durant la phase de prospection, ces descenderies fournissent des renseignements géologiques cruciaux et permettent d'accéder au niveau du futur tunnel principal. Durant la construction, elles fourniront une voie d'évacuation pour les décombres provenant du processus de déblaiement puis permettront l'aération du tunnel et son accès par les équipes de maintenance et d'intervention d'urgence, une fois qu'il sera mis en service (date d'achèvement prévue pour 2018).
Les problèmes de pompage requièrent une solution innovante
Malgré la structure spirale limitant l'inclinaison de la pente à 12 %, la longueur des descenderies et la composition du terrain ont posé des problèmes particuliers aux entreprises ayant décroché les contrats de pompage. La descenderie la plus longue, celle de Modane, fera 4.000 m de long et descendra vers le chantier du LTF depuis une altitude de 1.085 m, créant ainsi un différentiel de hauteur total de 360 m pour le pompage de l'eau. Sans compter que la nature du terrain laisse prévoir que l'eau en question sera intensément saturée de particules d'argile et de sable, formant un liquide difficile et abrasif. La solution de pompage proposée devra relever ces défis sans précédent.
Les sociétés d'exploitation du projet sont Razel, Bilfinger&Berger et Pizzarotti pour la descenderie de Modane, ainsi que Spie Batignolles TPCI, Ghella S.p.a. et Cogeis S.p.a à La Praz. Après un processus d'appel d'offres intense, les contrats de pompage pour les deux descenderies ont été attribués à une société française spécialisée dans le pompage , qui a proposé une solution ingénieuse reposant sur les pompes submersibles Tsurumi. Pour régler le problème du niveau élevé de particules dans l'eau, des stations de clarification mobiles ont été installées tous les 1.000 m, ainsi qu'une machine centrifuge permettant de filtrer l'eau. Pour répondre à l'imposante distance de pompage vertical sur le chantier de La Praz, six pompes Tsurumi KRS822 ont été raccordées en parallèle, chacune étant capable de pomper 33 litres/s à 25 m de haut. Les sociétés d'exploitation ont opté pour la solution Tsurumi, car les pompes KRS822 conviennent particulièrement dans le cadre de traitement d'eau boueuse ou saturée de sable. Elles sont équipées de moteurs quadripolaires et tournent à 1.450 tours par minute – soit beaucoup plus lentement que des pompes similaires à moteurs bipolaires – permettant ainsi de limiter au maximum les dommages causés par l'abrasion. Et comme toutes les pompes Tsurumi, elles sont d'une incroyable fiabilité.
24 pompes Tsurumi de la série KRS au total ont été commandées (12 pour chaque chantier) et installées dans les deux principales descenderies en janvier 2006. Elles resteront dans la descenderie de Modane jusqu'en août 2007, et pendant trois années de plus à La Praz. Une fois achevée, la liaison ferroviaire à grande vitesse LTF réduira de 4 heures à 1 heure 45 minutes la durée du trajet pour les passagers entre Lyon et Turin. Par ailleurs, le LTF prendra en charge la hausse de 75 % des transports transalpins de fret, prévue pour les 15 prochaines années. Actuellement, 130 millions de tonnes de fret transitent par les Alpes chaque année, pour la plupart dans des camions qui provoquent d'énormes problèmes de pollution dans la région alpine : on espère que la nouvelle liaison ferroviaire entre Lyon et Turin acheminera plus d'un million de camions par an, apportant ainsi une contribution significative au développement durable.